mercredi 14 janvier 2015

Conscience, par Jean-Marc Mantel



" La pensée est un objet d’observation. Elle peut être vue, contemplée, appréhendée, depuis l’instant de son émergence jusqu’à l’instant de sa disparition. Cette possibili­té d’appréhension signe l’existence d’un regard situé en dehors d’elle, qui la contemple.

Ce regard, c’est la conscience. Essayez d’attribuer des quali­ficatifs personnels à ce regard et vous n’y arrive­rez jamais. Il n’est ni chaud, ni froid, ni beau, ni laid, ni grand, ni petit, ni jeune, ni vieux. Et pour­tant il se sait.

Vous vous savez regard. Vous vous savez témoin de toute expérience. Vous vous savez connaisseur de votre corps, pouvant assister, à défaut de sa naissance, à sa mort.


Ainsi la conscience se sait. Il ne s’agit pas là d’une connaissance analogue à celle d’un objet connu, mais d’une connaissance intime de ce que vous êtes, de la racine de toute pensée et émotion, de la racine de l’être, là où le « je suis » prend sa sour­ce.


Cet espace de silence, de présence, de conscience n’est rien d’autre que moi-même, un moi-même libre d’attribut, libre de possession, libre de savoir, libre d’attachement, libre de sensa­tion, libre d’émotion, libre de pensée.


C’est ce moi-même, dont l’authenticité ne fait nul doute, qui est nommé conscience. Il n’est pas différent de vous-même.


C’est ici que vous-même et moi- même nous rejoignons, par-delà les cultures et les différences, par-delà les opinions et les préfé­rences. L’humanité, dans sa totalité, s’enracine dans l’expérience de la conscience.


C’est cette expérience qui rapproche les êtres, les fait com­muniquer d’un simple regard, les fait s’aimer sans juger. Découvrir la conscience, c’est se découvrir, c’est abandonner toute idée, c’est lâcher toute pen­sée. Dans cette complète humilité, dans laquelle le moi est absorbé dans un espace qui le dépasse, se trouve ce que je suis, ce que je suis dans mon essence, dans votre essence, dans notre essence. "






Article paru dans le numéro 69 de la revue 3eme Millénaire
 
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